Comment CapHorn conserve le cap

Yves Gélinas raconte la naissance des différents modèles CapHorn 

Mon Alberg 30 Jean-du-Sud a un joli tableau classique et pour rendre mon régulateur d’allure le plus discret possible, j’en ai caché une partie dans le coqueron. Un tube horizontal traverse le tableau, son avant supporté par une paire de pattes ; à l’intérieur de ce tube, un autre tube relie la pale à l’arrière, à un secteur à l’intérieur. Un tube vertical relie la pale à l’aérien situé dans un vent clair au-dessus. Je ne pouvais faire plus discret ou plus robuste, le régulateur devenant aussi solide que l’arrière du bateau.

C’est le modèle Jean-du-Sud.

J’en ai augmenté l’échantillonnage pour barrer des bateaux de 12 m ou plus.  Modèle Spray

Une partie du régulateur d’allure étant à l’intérieur, on peut renvoyer nos drosses par l’intérieur à l’appareil à gouverner, puis à des taquets coinceurs dans le cockpit.  En l’absence de vent, un petit pilote électrique agit sur la pale qui fournit toujours l’énergie pour tirer sur le safran, notre pilote ne consomme que des milli ampères et n’est jamais surchargé.

Chaque appareil est bâti sur mesure : l’axe horizontal varie en longueur pour situer notre secteur à l’endroit le plus favorable, quelle que soit la forme de l’arrière ; la tour d’aérien varie en hauteur pour atteindre un vent clair au-dessus d’un bimini ou d’une capote ; la surface mouillée de la pale demeure proportionnelle à celle du safran.

On m’a demandé de permettre au dernier Contessa 26 bâti au Canada de se barrer tout seul.  Ne pouvant équiper un bateau à safran extérieur d’un appareil intégré, j’ai raccourci l’axe horizontal au minimum. Modèle Varuna..

Puis Joshua, avec l’échantillonnage du Spray pour les plus gros bateaux.  Ces deux modèles sont entièrement extérieurs et conservent le cap lorsqu’une installation intégrée est impossible.

Devant mon premier arrière à jupe, j’ai pensé au modèle Varuna, mais sans les bras de fixation, l’axe horizontal posé sur la jupe, assez long pour situer la tour d’aérien à l’avant, contre le tableau.

J’ai conclu assez tôt qu’il n’y avait aucune raison pour qu’un régulateur soit en plein centre du bateau. Sur le Nicholson 31 Chance Encounter, j’ai osé décaler l’axe horizontal suffisamment pour permettre à son safran extérieur de pivoter. Toujours cap impeccable.

Kim et Charlie Arcon partaient en voyage de noce à bord de Toucana, leur Westsail 32. Mais Charlie n’était pas satisfait du Varuna que je lui offrais, il voulait un appareil qui demeure sous la queue de malet.  Je l’ai viré bout pour bout : modèle Toucana.

L’élancement de Jade était important et son arrière trop étroit pour loger notre secteur. On a convenu que l’axe horizontal ne traverserait pas le tableau et coupé le tube de montage au même angle et en y soudant une plaque d’inox ; le secteur remplacé par un bras qui se prolonge au-dessus de l’axe horizontal.  Modèle Jade.

Pour éviter de condamner les bossoirs installés au-dessus de la jupe du Moody 42 Tristaina d’Ibiza, j’ai déplacé la tour d’aérien à l’avant de l’axe horizontal, devant notre secteur, en la faisant passer au-travers du pont.

Avec son épouse et ses deux adolescentes come équipage, Rolland Trowbridge s’attaquait au passage du Nord-Ouest à bord de Precipice, un cotre aurique de 32’ qu’il avait bâti lui-même. Il lui fallait un régulateur à toute épreuve, mais on ne trouvait pas de place à l’intérieur pour notre secteur ; on l’a remplacé en soudant deux pontets sur le tube entourant la mèche, pour renvoyer nos drosses vers l’arrière de la tête du safran.  Modèle Precipice.

 

Bruce Robertson avait une exigence semblable pour son Morris 26 Anihoya, mais sur un arrière norvégien, où placer nos poulies ?  On a remplacé les drosses par un bras rigide qui se raccorde par l’arrière à la tête du safran.  Modèle Anihoya.

C’était en 2010 ; depuis, je n’ai pas eu à en inventer de nouveau, bien que j’aie souvent combiné différents modèles pour les adapter à différents types d’arrière ou d’appareil à gouverner.

J’attends le prochain défi, convaincu de permettre à tout bateau de voyage de se barrer tout seul pendant au moins un tour du monde ou 28 000 milles.

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