Introduction au film et lettre à mes enfants

Introduction au film 


Jean-du-Sud autour du monde


Je suis très heureux de présenter 
Jean-du-Sud autour du monde
le journal de bord filmé
de ce long voyage que j’ai effectué
depuis Saint-Malo, en France, jusqu’à Gaspé, au Québec, 
mais en faisant un grand détour 
par l’autre côté de la terre.

C’était ma participation personnelle
dans la célébration du 450ième anniversaire
du premier voyage de Jacques Cartier
au Nouveau Monde.

J’imagine que la première question 
qu’on pourrait poser au sujet d’une telle aventure, 
serait : qu’est-ce qui peut bien pousser un individu 
jusque là apparemment sain d’esprit
à partir si loin, tout seul,
sur un si petit bateau?

J’éprouve moi-même une certaine difficulté
à répondre à cette question.
Je peux seulement dire
que c’est le résultat d’une évolution 
et d’un long cheminement.
De loin, cela peut sembler excessif,
mais si on considère aussi le contexte et les circonstances
cela devient plus modeste
et facile à comprendre.

Alors je vais tenter de vous conter 
comment mon amour de la voile
(avec un peu d’aide d’un Oizo-Magick)
ont rendu tout cela possible.

Je fais de la croisière à voile depuis trente ans
J’ai appris dans le fleuve et le golfe Saint-Laurent
sur les bateaux des autres 
avant d’acheter Jean-du-Sud.
Il n’y avait pas d’école de croisière,
alors j’ai dû apprendre en me trompant.
Heureusement, j’ai eu de la chance et mes erreurs 
n’ont jamais eu de conséquences fâcheuses.
(De toute façon, c’était sur les bateaux des autres!)

J’ai réussi à boucher les trous
dans ma formation de marin
en lisant avec avidité tous les livres
sur la croisière à voile
sur lesquels je pouvais mettre le nez.

J’ai fait l’acquisition de Jean-du-Sud en juillet 1973.
C’est un Alberg 30, coque no. 399
bâti au chantier Whitby Boat Works
sur le bord du lac Ontario.

Une croisière de six mois vers les Antilles l’hiver suivant 
avec un retour à Montréal
me met un gros ver dans la pomme : 
je veux repartir.
Mais cette fois, je voudrais que ce soit pour de bon.

Je travaillais alors au cinéma, 
et comprenais que si je voulais accomplir 
quelque chose de conséquent dans ce domaine,
je devrais m’y donner complètement,
n’avoir que cela dans la tête.
Mais je ne pensais qu’à une chose : 
partir sur la mer
et pour longtemps.

J’ai compris que si je restais, 
je me condamnais à jouer les seconds violons.

J’avais lu également
et plus j’y pensais, plus j’en étais convaincu,
que la sagesse orientale enseigne
que pour atteindre la paix intérieure, 
il faut se libérer de ses désirs :
 le seul moyen pour moi
de me libérer de celui-là,
serait de le réaliser.

Et j’ai compris que ce vieux rêve 
d’économiser de l’argent pour pouvoir partir
ne se réaliserait jamais : 
plus je gagnais d’argent,
plus cela me coûtait cher pour le gagner
et je me retrouvais à peu près au même point
à la fin de chaque année.

En juin 1975, je réussis enfin à devenir 
navigateur solitaire à temps complet.
(Les anglais disent : « Sail Bum » !)
Je me débarrasse de toutes mes possessions 
qui ne tiennent pas dans le bateau
et je m’installe à bord de Jean-du-Sud.

J’ai décidé de tenter cette expérience : 
Comme je n’ai presque pas d’argent, 
le seul moyen de partir,
c’est de voir de quoi je peux me passer.

Je dispose de l’essentiel : un bateau.
Il n’est pas payé entièrement,
mais je peux imaginer 
qu’il me sera prêté aussi longtemps
que j’en aurai besoin.
Pour le reste, je crois pouvoir me débrouiller.

Alors je remets le cap vers les Antilles
pour y faire du charter pendant deux saisons
pour survivre, et aussi repayer un peu la banque.

Puis je traverse l’Atlantique
pour me rapprocher de mes deux filles
qui avaient suivi leur mère en Suède,
son pays d’origine.

En fait, je puis dire que l’histoire consciente 
de ce long voyage
commence en juillet 1978.
Je me trouvais en Suède
où j’explorais avec mes deux filles 
la côte de leur nouveau pays.

J’écrivais un article où je décrivais la route 
que j’avais suivi avec Jean-du-Sud
sous l’oeil bienveillant d’un Oizo-Magick
et cette drôle de collaboration
qui s’était établi entre nous trois
- Jean-du-Sud, l’Oizo-Magick et moi -.

A la fin de l’article, 
et sans que je me sois formulé les mots dans ma tête, 
cette phrase est tombée sous ma plume : 
" Et je l’entends déjà me parler de la Longue Route "...

Quoi? Le tour du monde
par le sud des Grands caps
sans escale, tout seul?

J’ai tenté de les raisonner
(Jean-du-Sud et l’Oizo-Magick)
Leur faire comprendre qu’un tour du monde
par les Quarantièmes Rugissants et le cap Horn, 
est une entreprise considérable : 
c’est comme grimper l’Everest.

Bien sûr, j’ai un bon bateau.
En cinq ans, j’ai appris à lui faire confiance.
Je sais qu’il n’a pas pris la mer
simplement pour faire du charter
ou du tourisme à voile : 
il lui faut quelque chose de plus consistant
à se mettre sous la quille.

Mais pensons-y un moment : 
avec ses quatre tonnes de déplacement,
ce serait le plus petit bateau
à tenter cette route.

Sous ces latitudes, il n’y a même plus de terre
qui arrête l’élan de la longue houle d’Ouest.
La mer a tout le tour du monde pour s’enfler :
elle peut être énorme.

Il faudra me préparer avec une grande impeccabilité
si je veux prétendre au succès.
Si je néglige le moindre détail
je suis sûr que la mer trouvera le défaut.

Il faut d’abord changer le mât :
Si je vais jouer au cap Horn
avec un bateau de cette taille,
je suis sûr de mettre le mât dans l’eau
et celui-ci ne résisterait pas à un chavirage.

Il faut ensuite renforcer la coque,
bâtir des cloisons étanches :
Jean-du-Sud et ce qui s’y trouve
représentent tout ce que je possède en ce bas monde
- et je ne pourrai pas me payer d’assurance -

Il faut débarquer le moteur
(quarante litres d’essence pour faire un tour sans escale,
c’est aussi utile que rien du tout)

Et il y a encore un gros travail à faire 
sur le design d’un régulateur d’allure
qui serait meilleur que tous les autres

Il me faut des voiles neuves :
je n’irais pas loin dans l’océan austral
avec des voiles qui ont l’âge de mon bateau.

Tout cela représente un immense travail
et demande beaucoup d’argent!
Et je doute que la caisse du bord
me permette de tenir jusqu’à la fin de l’été.
Dès l’automne, il faudra trouver du travail...

Alors je m’étais interdit de rêver
à ce projet insensé
et j’avais quitté la Suède et mis le cap vers le Sud
sans même savoir où je passerais l’hiver.

Heureusement, une lettre d’un ami, Michel Chabiland
me rattrape en Allemagne, en route vers le Sud : 
Michel m’offre du travail dans son chantier.

J’avais fait sa connaissance l’automne précédent
et nous étions rapidement devenus bons amis.
Il possédait un chantier près de Saint-Malo, 
 Jean-du-Sud avait hiverné.
Le printemps venu, 
il avait généreusement mis à ma disposition
les ressources de son chantier
pour faire un bon radoub sur Jean-du-Sud
avant de mettre le cap vers la Suède.

Et c’est au cours d’une escale
dans ce joli mouillage des îles Chausey
le dernier avant d’atteindre Saint-Malo
et me mettre au travail
que ce rêve insensé soudain m’apparut possible :

j’ai vu que l’Oizo-Magick 
- avec la collaboration de Michel -
mettait à ma disposition
les moyens de préparer Jean-du-Sud
à cet immense défi.

Je pourrais utiliser les ressources de son chantier
pour rendre mon bateau si costaud
que les mers du cap Horn ne pourraient pas l’effrayer.

Michel était devenu un grand ami
et je savais pouvoir compter sur sa générosité
et aussi sa compétence
pour trouver une solution 
aux nombreux problèmes techniques
que j’allais rencontrer.

Alors j’ai mouillé Jean-du-Sud près de Saint-Malo
et appris un nouveau métier : 
pour la première fois, je gagnais ma vie avec mes mains
et je me souviens alors d’avoir noté cette phrase : 
Il y a vingt ans que je gagne ma vie,
mais c’est à quarante ans qu’il faut apprendre à travailler.

Alors ce premier automne,
je me suis contenté de planifier.

Comme je n’avais pas d’argent, je me suis dit : 
" C’est simple, je vais tourner un film
pendant mon tour du monde
- c’est ce que je faisais avant de partir -
et l’argent que je trouverai pour faire le film
m’aidera aussi à payer les dépenses du voyage! "

C’était faire preuve d’une grande naïveté :
Étant du métier, j’aurais dû savoir
qu’il est déjà très difficile 
de financer un film de long métrage...

Mais tenter de convaincre quelqu’un
d’investir dans un film tourné par une seule personne
qui veut aller jouer au cap Horn
à bord d’un bateau de trente pieds,
cela tient de l’inconscience.

En dépit de l’intérêt 
manifesté dès le début par Radio-Canada,
si Jean Roy, un ami qui était aussi un marin et un cinéaste
n’avait pas insisté si fort 
pour que l’Office National du Film me prête le matériel,
je serais parti sans caméras.

Finalement, grâce à l’aide financière 
du réseau Radio-Mututel et du poste CKMF
qui ont assumé les dépenses du voyage
et celle de Pierre Décarie, un radioamateur
qui a accepté de se lever à l’aube tous les matins
pour capter les messages quotidiens
transmis depuis Jean-du-Sud
et de les relayer par téléphone jusqu’au poste de radio.

Grâce aussi à Yves Michon et Jacques Pettigrew
de Ciné-Groupe, les producteurs du film,
j’ai pu partir raisonnablement équipé.

Avec le recul, je constate qu’il fallait une grande dose de foi
pour m’attaquer à un tel projet.

En fait, de façon consciente, 
j’ai décidé de tenter cette expérience :
J’avais lu dans un livre qui me semblait digne de confiance
que si on est profondément convaincu
du sommet de sa conscience
qu’il faut faire une chose,
celle-ci devient automatiquement possible
et on devrait trouver les moyen de la réaliser.

A la condition, bien sûr, de faire sa moitié
de façon impeccable.

A Findhorn, on appelle cela
« la Loi de la Manifestation » ;
d’autres parlent de la providence.
Moi, je préfère évoquer cette réalité
d’une façon moins sérieuse, ou plus poétique.
Je dis : " l’Oizo-Magick ".

Et je peux garder comme aide-mémoire,
un petit oiseau tissé dans une palme de cocotier Magick
suspendu à la main-courante, dans le bateau.

Lorsque j’étais parti, quatre ans plus tôt, 
je l’avais mis à l’épreuve
et je dois admettre que jusqu’alors, 
il ne s’était pas mal tiré d’affaire : 
je n’avais jamais manqué de l’essentiel
j’avais même pu recevoir mes deux filles sur le bateau
à tous les étés.

Alors j’ai décidé de partir de cet axiome
et de lui donner le bénéfice du doute.

A partir de ce moment et jusqu’au jour du départ,
trois ans plus tard,
il n’y a pas un seul jour où je me sois dit : 
" Qu’est-ce que je peux faire aujourd’hui de plus efficace
pour permettre à ce projet de se matérialiser. "

Dès que je considérais le problème dans son ensemble,
en tenant compte de l’ampleur du projet
et du peu de moyens dont je disposais,
j’étais découragé et tenté d’abandonner.

Alors je faisais l’effort conscient de ne pas anticiper,
de n’affronter les problèmes
que lorsqu’ils se posaient
et de les solutionner du mieux que je le pouvais.

Je croyais y mettre deux ans
mais il m’en a fallu trois
avant de pouvoir partir.
Trois années, durant lesquelles 
je me suis répété à tous les matins :
" Qu’est-ce que je peux faire ce matin, de plus efficace... "

Et si on me demande ce que ce long voyage 
m’a appris de plus important,
je répondrai que c’est cette attitude
qui est devenue, avec le temps, une habitude.

En terminant, j’aimerais vous lire une lettre
que j’ai écrite avant de partir.
Il était primordial pour moi
d’exprimer à mes deux filles 
avec la plus grande sincérité possible 
pourquoi je partais
et ce que je comptais ramener
de cette longue retraite sur la mer.

Plouër, le 13 avril 1980

 Lettre à mes enfants

C’était hier ton anniversaire, ma chère Annikki et j’ai beaucoup pensé à toi.

A plusieurs reprises au cours de la soirée, j'ai tenté de voir dans le ciel la jolie constellation du Dauphin. J’ai dû finalement me coucher sans l’avoir vue, car le Dauphin est une constellation d’été et même tard dans la nuit, elle était encore trop basse au-dessus de l’horizon et masquée par les nuages. Je me suis dit que j’aurais peut-être dû te faire cadeau d’un groupe d’étoiles qu’on peut voir le jour de ton anniversaire, mais je me suis consolé en me disant que le Dauphin est une très jolie constellation, même si elle n’est pas très brillante. Dès que je l’ai découverte dans le ciel, j’ai pensé que tu pourrais l’aimer, toi qui est toujours joyeuse et enjouée comme un dauphin. Je me souviens, il y au treize ans hier, le jour de ta naissance, tu souriais déjà! Ce soir là à Uppsala, le Dauphin se lève vers onze heures du soir. Si tu désires le contempler, Kerstin te permettra sûrement de veiller aussi tard.

Par contre, j’ai très bien vu, haute dans le ciel, la jolie Couronne Boréale, avec la Perle en son milieu. Tout de suite, j’ai eu devant les yeux le gracieux sourire de ma petite perle à moi, ma chère Julika.

Depuis longtemps, je veux formuler pour vous les raisons qui me poussent à entreprendre cette longue croisière depuis Saint-Malo jusqu’au Québec, en faisant le tour de la terre et je me rends compte que c’est vraiment très difficile. Il est facile de trouver des raisons, mais aucune ne me semble plus vraie que les autres et j’ai finalement dû me rendre à cette évidence : cela dépasse le domaine des raisons. Si je pars, c’est qu’il me semble que pour moi, c’est cela qu’il y a à faire et rien d’autre. C’était un rêve que je caressais depuis longtemps et le hasard - ou peut-être, mieux, l’Oizo-Magick - a voulu que sans que je l’aie recherché de façon consciente, les circonstances le rendent possible.

Il y a, bien sûr, le fait que j’adore la voile : elle est devenue pour moi un métier que j’essaie de faire le mieux possible. Le succès ou l’échec d’une croisière comme celle-là dépend presque entièrement de la somme d’énergie que j’aurai mise à la préparer. Si je veux ne pas m’arrêter, il faut avoir tout prévu dans les moindres détails. J’essaie, bien sûr, de profiter au maximum de l’expérience de ceux qui sont passés avant moi, ce sont mes guides; je tâche toutefois de ne pas commettre les erreurs qu’ils ont dû commettre et d’ajouter à la somme de ces connaissances le fruit de ma propre expérience et de mes réflexions. Peut-être, de cette façon, si l’Oizo-Magick le veut bien, contribuerai-je à faire progresser, dans la mesure de mon talent, l’art de mener un petit bateau à voiles à travers les océans.

Et si j’ai décidé de ne faire aucune escale, c’est aussi parce que c’est la seule façon pour moi de faire le tour du monde en solitaire sans manquer un seul été avec vous. En partant au mois d’août, après avoir passé juin et juillet en votre compagnie, je reviendrai, si tout va bien, en avril ou mai, à temps pour vivre un autre été avec mes amours.

Lorsque j’ai quitté Montréal, il y a cinq ans, pour partir naviguer avec Jean-du-Sud et l’Oizo-Magick, c’était pour trouver un mode de vie qui me convienne mieux, qui soit plus proche de ma vérité profonde que celui que j’avais jusqu’alors. Il me paraissait plus important de travailler à établir le silence dans ma tête que de continuer à gagner de l’argent et à le dépenser. Après cinq ans de ce genre de vie, j’ai pu constater le bien que j’avais pu en retirer et il me semble que huit ou neuf mois de solitude pourraient me permettre de consolider ce que j’ai déjà acquis et progresser encore davantage. Il arrive que certaines personnes ressentent parfois le besoin de s’isoler à une période donnée de leur vie, soit pour franchir une étape particulièrement difficile de leur évolution spirituelle, ou simplement pour se donner la liberté de progresser plus facilement.

C’est ce que je ressens depuis bientôt deux ans et c’est, je crois, ma motivation la plus profonde.

" Quand on a côtoyé si longtemps les grandes étendues jusqu’aux étoiles, plus loin que les étoiles, on revient avec d’autres yeux. " Peut-être moi aussi suis-je à la recherche de ces autres yeux que Bernard Moitessier a trouvés au fond de lui-même.

Moitessier dit aussi que dans les mers des hautes latitudes du Sud, on est dans la main de Dieu. Moi, je préfère dire de l’Oizo-Magick; et j’ai bien l’impression, depuis le temps que nous vivons ensemble, lui et moi, qu’il va faire tout ce qu’il peut pour me laisser passer. Vous pouvez même l’aider à m’aider. N’importe qui peut le faire, c’est très facile et plus il y a d’amour, plus l’aide est efficace.

Sir Francis Chichester, un grand marin anglais, a réalisé de cette façon un tour du monde sur un bateau très difficile à mener. Son épouse, qui l’aimait beaucoup, avait organisé en Angleterre un groupe de personnes qui priaient pour lui pendant qu’il était en mer et il raconte que cela l’a beaucoup aidé dans les moments difficiles.

Mais pour obtenir le même résultat, il n’est même pas nécessaire de dire des prières : il suffit simplement de faire le silence dans sa tête et dans son coeur et automatiquement on est branché sur la longueur d’onde de l’Oizo-Magick. On peut alors lui demander ce qu’on veut et être sûr que si c’est vraiment nécessaire, ça va marcher.

Qui sait, peut-être serai-je à ce moment en train de me défendre contre un gros mauvais temps et je sentirai que je ne suis plus tout seul, qu’il y a des personnes quelque part qui m’aiment et cette énergie nouvelle m’aidera à surmonter ma peur ou ma fatigue, en me rappelant que l’Oizo-Magick veille sur moi.

Et si jamais il arrivait que, comme dans la chanson, " Jean-du-Sud trouve sa tempête ", j’espère que vous n’aurez pas trop de peine pour moi. Je tâcherai de faire le grand passage sans peur et sans regret, aussi consciemment que possible et mes dernières pensées iront sans doute vers vous. Vous ne me verrez plus, mais peut-être aurai-je la chance d’aller me nicher tout près, tout près dans votre coeur, pour vous aider de l’intérieur, avec l’Oizo-Magick, pendant le reste de votre vie.

A bientôt, ma douce Annikki

A bientôt, ma tendre Julika.

Papa Yves